Lettre à grand-père : Le silence de la science !

Rien ne doit faire plus peur que le silence de la science aux moments les plus difficiles de l’existence d’un pays. Oui grand-père, depuis 2015, le Mali fait face à une sorte de conflit inédit qui a manqué de réponse scientifique au problème.

Aucune conceptualisation de la question n’a été faite. Pas de débats scientifiques ! Pas de riposte doctrinaire.

Le problème fait appel à des armes. L’ennemi utilise des armes de guerre mais, au préalable, il recrute, endoctrine et amadoue tous ceux qu’il trouve sur son chemin. Il joue sur les cordes ethnique et religieuse. Il utilise des conflits antérieurs à des siècles et se fait justicier. Il séduit des adeptes et font des autres des ennemis de la République.

Et tout se passe comme il a planifié. S’il arrive dans une contrée, il recrute dans les injustices, les misères, les cupidités, l’ignorance et les adeptes du rien à perdre ; les condamnés.  Quand il recrute, il installe une doctrine, vend des illusions et s’octroie le statut de justicier. Et malheureusement, il n’a face à lui que ce qu’il a prévu : les armes.

Que veut celui dont la victoire, c’est de semer le chaos, la panique et la terreur que de voir des frères qui se haïssent et qui s’entre-tuent ? Que veut celui dont le dessein est de voir le sang couler et des larmes verser que de voir des frères dressés les uns contre les autres et s’accusant de tous les maux ? Celui qui s’attend au chaos se réjouit déjà de la mésentente.

Et malheureusement cher grand-père, en face de lui l’ennemi n’a eu que haine, colère et méchanceté, telles qu’il le voulait. Au nord, il l’a fait. Il a semé le chaos. Au centre, il a réussi. Aujourd’hui, il fait le pas dans le Sud. Et sans tirer des leçons du passé, les mêmes colères, paniques et haines sont mises au-devant comme il a prévu.

Ce n’est point le sociologue qui plonge dans ses appris et vécus pour éclairer le chemin. Ce n’est point le philosophe, le théologien et le psychologue qui font des conclusions pour prévenir et vaincre la doctrine du mal. Ce n’est point le juriste qui explique que l’absence de justice ouvrant la voie à des vengeances, où le mal pourrait puiser sa force.

Ce n’est plus des hommes stratèges, connaisseurs et penseurs qui donnent des pistes pour que l’État ne perde son estime et sa crédibilité. Ce n’est plus le géographe, l’historien, l’anthropologue… j’en oublie volontiers, qui tirent des leçons et des exemples pour prédire et prévenir l’avenir. Pour dire stop et allez-y ! Pour orienter et guider vers la victoire.

Ce n’est point le spécialiste de sécurité ou de la communication de crise qui préconisent les comportements à tenir et les décisions à prendre. Le journaliste n’est plus consulté pour le bon message et le bon messager.

On a juste tout ramené sur Facebook et Tiktok et chacun opine. Allons-nous nous en sortir ? Cher grand-père ! A mardi prochain pour ma 325e lettre. Inch’Allah !

Lettre de Koureichy

Source: Mali Tribune

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